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Aimé Nouma présente ''les pleurs du mâle''
Grioo.com a rencontré Aimé Nouma, auteur du recueil de poésie-slam "les pleurs du mâle". Il revient sur sa vie, Paris, la France, l'Afrique, sa double identité...ainsi que son amour de l'écriture, de la poésie et du slam
Par Paul Yange le 01/10/2013

Aimé Nouma
Bonjour Aimé Nouma. Pouvez-vous vous présenter à nos internautes ?

Bonjour chers amis internautes, je suis Aimé Nouma, né à Yaoundé au Cameroun, cependant j’ai passé la plus grande partie de ma vie en France.

Le 12 août dernier, ma mère me rappelait d’ailleurs qu’il y a 50 ans jour pour jour, nous débarquions d’un paquebot elle et moi pour rejoindre mon père à Bordeaux (Gironde). La ville et le club de football qui l’avait accueilli à son arrivée en France. Je suis donc le fils d’un « immigré de luxe », d’un ex footballeur professionnel, international camerounais, repéré alors qu’il jouait au Tonnerre de Yaoundé. Il y a eu beaucoup de footballeurs dans ma famille, par exemple : mon grand-père maternel, Tobi Bayard Mimboé, était déjà venu dans l’Hexagone faire des sélections dans les années 30.

Comment se passe votre arrivée en France ?

Je n’ai alors que 5 ans et suis un enfant sans soucis, vif et éveillé. Dans les premiers temps nous déménagions souvent mais comme je jouais bien au foot, cela me permettait de m’adapter rapidement et d’être adopté naturellement par mes camarades de jeux et de classes. Après avoir bourlingué dans le Loiret puis en Picardie (Compiègne, Breteuil , Beauvais ) nous nous installâmes finalement à St Gratien dans le Val d’Oise.

Le 12 août dernier, ma mère me rappelait qu’il y a 50 ans jour pour jour, nous débarquions d’un paquebot elle et moi pour rejoindre mon père à Bordeaux (...) je suis le fils d'un "immigré de luxe", ex footballeur professionnel camerounais
Aimé Nouma


Je pense sincèrement que mes prédispositions avec le ballon, sport roi, m’ont évité de subir le racisme quotidien dont d’autres petits noirs étaient victimes surtout en province. J’ai rapidement pris conscience que quelque soit son origine (noir, arabe ou asiatique…) grâce à son apport positif à un groupe, l’on n’était plus mis à l’écart bien au contraire… Moi : j’étais souvent favorisé (sourire).

Aimé Nouma
Vous vous intéressez vraiment au football ?

Comme, je vous l’ai dit, je viens d’une famille de footeux et aurai même peut-être pu faire carrière si je m’y étais mieux préparé.
Par exemple en 1977 : en junior, avant-centre et meilleur buteur du club de Saint Gratien (ASSG) avec plus de 70 % des buts inscrits, j’étais arrivé à me hisser avec mon équipe jusqu’en quart de finale de la coupe Gambardella...

En même temps, je vous rappelle qu’on ne pouvait alors aligner que 3 étrangers par équipe et comme je n’avais pas la nationalité française, même si j’étais titulaire indiscuté, je ne pouvais prétendre aux sélections départementales. A cause de cela, je suis passé au travers des filières de détections de jeunes...
A postériori, mon petit frère Pascal, né en France a eu plus de chances.

Vous abandonnez l’idée de faire carrière dans le monde du football ?

Malgré mes exploits sportifs, j’ai connu une adolescence perturbée et souffrais d’un sentiment de dévalorisation. Et, après un essai infructueux aux Girondins de Bordeaux et un échec au baccalauréat, Complètement paumé et mû par des sentiments quasiment autodestructifs, je quittais l’environnement familial et partais « à ma recherche », bien loin des stades et des bancs universitaires.

Malgré mes exploits sportifs, j’ai connu une adolescence perturbée et souffrais d’un sentiment de dévalorisation
Aimé Nouma


C’était le début des « années Palace » et tout naturellement, je m’étais immergé dans le monde de la nuit. Vivant au jour le jour et côtoyant beautiful people, célébrités et mauvaises fréquentations.
A cette époque-là, la vie continuait pourtant d’être généreuse avec moi car une des amies de ma mère dirigeait une agence d’intérim et j’aurais donc pu trouver facilement à m’employer… Mais !!
Sans buts définis, j’avais commencé à marcher à côté de mes pompes (des Weston of course !) pour m’éprouver et dans l’espoir de « me trouver ».

Aimé Nouma en studio
Dans les années 80 vous découvrez aussi votre pays d’origine...

Lassé de faire les 400 coups, blasé, déprimé, me sentant totalement déraciné, j’acceptais enfin d’écouter ma voix intérieure et d’entendre l’appel de l’Afrique. En 81, je partais au Cameroun… le pays de mes ancêtres et renouais avec mes racines. Le séjour fut génial, j’en revint après quelques mois gonflé d’espoir, ayant retrouvé toute ma flamme et goût à la vie.

L’année suivante, j’y retournais et tentais même de m’y établir. Cependant, j’avais pu constater qu’il y a une très grande différence entre passer des vacances et vivre sur place : j’avais pu réaliser que pour nombre des gens j’étais un « blanc », un étranger dans mon pays d’origine.

Néanmoins, de retour à Paris, je me cloisonnais délibérément à ne fréquenter que des lieux et des membres de la « diaspora ». Mais cela ne dura qu’un temps, car il devenait de plus en plus difficile de nier ce fait : Ma culture était plus française qu’autre chose.
Contre toute attente, je me retrouvais encore quelques années plus tard à Yaoundé, enfin motivé dès 1992 pour tracer mon chemin dans l’audiovisuel. Cela commença au Centre Culturel français où sous l’impulsion d’un animateur fraîchement arrivé prenaient forme de nouveaux projets de réalisation de films, de documentaires sur des thèmes tels que le SIDA, la pauvreté etc…

Au début des "années Palace", je m’étais immergé dans le monde de la nuit. Vivant au jour le jour et côtoyant beautiful people, célébrités et mauvaises fréquentations. J’avais commencé à marcher à côté de mes pompes (des Weston of course !)
Aimé Nouma

En compagnie de Sonia Rolland
Dans la foulée, j’avais été embauché comme commercial dans une société de communication et d’audiovisuel « TVF Cameroun ». Me sentant investi dans ces activités je décrochais de nombreux marchés je devins rapidement Directeur Commercial.

Quelques temps auparavant, j’avais fait la rencontre de Donny Elwood (qui ne s’appelait pas encore comme ça). Tous les matins, je me rendais chez lui, et ensemble on écrivait : poèmes, chansons, scénarios, sketches, juste pour le plaisir d’écrire. Il avait beaucoup d’imagination et semblait animé par quelque chose. Comme s’il savait qu’il allait réussir.

J’avais aussi rencontré Claude Eyala, qui arbitrait l’émission télé locale style « des chiffres et des lettres ». Il m’avait initié au Scrabble et entre passionnés l’on se retrouvait plusieurs fois par semaine, dans l’immeuble de la CNPS .Se joignaient souvent à nous Mercedes Fouda et les « Djofang père et fils ».

Un beau jour de 1997, je me présentais au CCF parmi 400 candidats aux sélections pour l’émission "Questions pour un champion international" organisés par France 3. Je m’y qualifiais et décidais de profiter de l’occasion de revenir définitivement en France, où mon petit frère Pascal, devenu footballeur professionnel brillait sur les terrains. La Coupe du Monde 1998 se profilait et dans l’espoir qu’il soit remarqué d’une façon originale par le sélectionneur national, je mis Pascal en contact avec une maison de production et il entra en studio avec Tonton David et ses musiciens.

En 81, après avoir enfin accepté d'écouter ma voix intérieure et d'entendre l'appel de l'Afrique, je partais au Cameroun...le pays de mes ancêtres et renouais avec mes racines
Aimé Nouma

''Les pleurs du mâle'', recueil de poésie slam d'Aimé Nouma
Le projet musical avorta mais j’étais maintenant en contact avec des professionnels de la musique.

En 2000, Donny Elwood , de passage à Paris et en manque d’inspiration me propose une collaboration, un travail de co-écriture. Ensemble nous écrirons deux textes de « Eklektikos » son second album. Puis je prends réellement conscience de mon talent d’écriture quand on me commande la rédaction d’un scénario de long métrage.
Alors, fort des nombreux épisodes de ma vie aventureuse, je me mets à rédiger des textes courts, poétiques et rimés susceptibles de devenir des chansons . » Comme par hasard » j’entends simultanément parler du mouvement SLAM .

Comment décririez-vous votre style ?

Lors de ma première scène Slam (en décembre 2003 à l’Abracadabar), le MC me dit épaté « Toi, t’es un vrai Black titi de Panam ! »
Alors que dire de mon style ? :
Qu’il est imagé, fluide, fait de mots qui coulent. Un mélange de mots d’argot, de verlan, d’expressions populaires et aussi de français soutenu.
On me parle souvent de ma présence, de ma verve et de ma gouaille.
On dit que je déclame mes slams avec panache.
Bref, j’ai généralement un retour positif du public

On dit de mon style qu’il est imagé, fluide, fait de mots qui coulent. Un mélange de mots d’argot, de verlan, d’expressions populaires et aussi de français soutenu
Aimé Nouma


Vous avez déjà eu l’occasion de vous produire à des grands événements ?

Oui cela m’est arrivé quelques fois déjà , les plus notables
en 2006, au Bataclan lors du concert « Archange Solidarité » organisé par Julien Voulzy et pour lequel j’étais à la fois artiste- slameur et Maître de Cérémonie présentant sur scène Laurent Voulzy, Nolwenn Leroy, Louis Chédid, Sandrine Kiberlain, Lady Laistee et d’autres artistes.

En 2007 la Scène Bastille avec le collectif Unlimited Project –Sounds of Paris pour la sortie de notre album collectif
En 2007 et 2008 la Fête de l’Humanité avec la Mairie du 11ème

En 2009, pour la campagne du Téléthon dont j’avais écrit et interprétais le slam « Tous plus fort que tout » hymne officiel de l’édition 2009.
En 2010, à l’Européen lors du Festival de la Diversité du CAPDIV, pour lequel j’étais encore artiste –slameur et MC présentant sur scène entre autres un défilé de mode du créateur Xüly Bet et le chanteur Kéziah Jones.

En 2011, vainqueur du concours « Dis moi dix mots » lancé par le Ministère de la Culture , je représentais la région parisienne lors de la première coupe de la ligue à l’Espace André Malraux de Joué les Tours. En 2011 Concert au cours du Festival Estival du 11ème.

En 2011 l’association Deep Agency me commande l’écriture d’un texte pour la lutte contre la Drépanocytose « La drépanocytose ça vous dit quelque chose ?» qui deviendra un clip interprété par moi-même et un collectif regroupant des célébrités telles que Fally Ipupa, Claudy Siar, Lynnsha, Axel Tony, Princesse Erika, Ras Dubisani, Eddy Murte, Alicia Fall Jacky des Neg’Marrons ,Franck Ciani, François Durpaire etc...

Sinon auparavant de 2006 à 2008, j’avais eu le plaisir de produire et d’animer la première émission télé dédiée au Slam et nommée "SLAM’PARLE De..." sur la chaine du câble La Locale Tv.

Cette année, j’ai écrit le "slam de ramadan" pour nos amis musulmans, il est disponible en lecture sur le site www.jeuneafrique.com. Mon recueil de poésie-slam « Les Pleurs du Mâle » est édité aux éditions Universlam. Il est possible d’acheter l’ouvrage en ligne surwww.universlam-editions.com (10 eur). Déjà référencé à la FNAC, il sera en vente dans les rayons dès la fin octobre.

Vous pouvez retrouver Aimé Nouma tous les vendredi soir de 20h30 à 22h dans l’émission « Ô TOURS De L’ART » sur www.music4live.fr. Au menu, humour, bonne humeur et talents annoncés.
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