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Hollande et sa prestation télévisée : vivement 2015
Retour sur la prestation de François Hollande sur France 2
Par Lucien Pambou le 01/04/2013

François Hollande face à David Pujadas sur France 2
Le Président Hollande a fait une explication de texte qui s’est voulue d’abord pédagogique et non prévisionniste. Il a parlé en son nom et uniquement en son nom, sans citer une seule fois son premier Ministre et ses ministres. Comme toujours dans notre beau pays où le magistère de la parole et de la discussion sont roi, on a trouvé des gens pour dire que le Président méprisait son gouvernement. C’est faux car le quinquennat oblige le Président de la République à être en première ligne et à assumer les gains et les pertes du quinquennat. C’est un mode de gouvernance que nos concitoyens doivent s’approprier, comprendre et méditer.

Revenons à deux aspects importants de son discours : la lutte contre le chômage et les retraites. On lutte contre le chômage et on laisse inchangé le départ à la retraite à 62 ans. Ces deux questions sont liées car un taux de chômage trop élevé accroit le nombre d’inactifs, ce qui obère le financement en partie de la retraite qui repose sur le mécanisme de solidarité voulu par la retraite par répartition et non par capitalisation. Tout a été dit concernant le Président de la République : son incapacité à sortir d’un discours normal pour dire aux Français de manière novatrice ce à quoi ils doivent s’attendre sur le front du marché du travail.

Aucun Président de la 5ème République n'est allé au fond des véritables problèmes qui minent notre société
Lucien Pambou


D’ailleurs, je ne connais aucun Président qui l’ait fait dans la 5ème République. Tous les Présidents à leur manière se sont essayés en disant qu’il fallait faire des efforts quand ils s’adressaient à la nation française, mais aucun n’est allé au fond des véritables problèmes qui minent notre société. Concernant la retraite, c’est une promesse de campagne. A défaut de se renier complètement en faisant plaisir à Mélenchon qui en aurait profité pour le traiter d’incompétent, François Hollande est resté dans les clous en maintenant ses promesses de campagne mais jusqu’à quand ?
On nous parle de compétitivité, on signe des accords de compétitivité. On demande au peuple français de faire des efforts mais on ne nous explique pas au fond les véritables problèmes de notre pays qui a été surpris par la mondialisation, quoiqu’il dise, et qui n’est pas prêt à livrer bataille. Dans cette surprise les grandes entreprises françaises se sont rapidement adaptées, pas nos PME et pas nos dirigeants au sein de la classe politique française pour lesquels les principes de base de l’analyse économique restent encore un mystère.

Il ne s’agit pas ici d’avoir le monopole de la pensée économique, mais de préciser et de dire aux Français ce que l’on est en droit en tant que citoyen payant ses impôts d’entendre et d’attendre de la part de ses hommes politiques.

les principes de base de l’analyse économique restent encore un mystère pour les dirigeants de la classe politique française
Lucien Pambou


Notre pays recule au classement des grandes nations industrielles. La France met en avant le coût du travail à droite comme à gauche. La vérité de ce débat est partielle car il y a un problème lié aux caractéristiques de nos produits (hors luxe) de consommation de masse. Nos automobiles Peugeot, Citroën et Renault ne se vendent pas sur les marchés de référence américains du Nord et asiatiques car nos stylistes sont incapables de dessiner des produits qui reçoivent l’assentiment des consommateurs.
On peut amener le coût du travail à 0 dans l’industrie de l’automobile, on ne vendra toujours pas de Renault, de Citroën et de Peugeot sur le marché américain. Donc le coût du travail est peut-être un élément diriment dans la vente des voitures françaises, mais ce n’est pas un élément de premier ordre selon moi. On a contraint les salariés de Renault à signer les accords de compétitivité qui les obligent à ne pas revendiquer des augmentations de salaire, ce n’est pas un gage pour une augmentation des ventes des voitures françaises à l’étranger.

Ce qui est vrai pour l’industrie automobile, l’est aussi pour d’autres secteurs d’activité où nous sommes incapables de fournir des produits avec des caractéristiques voulues par les consommateurs. Le patronat français a regretté le départ du Franc car c’était un moyen important pour lui de réaliser la compétitivité des produits français grâce aux dévaluations monétaires. L’euro devient une contrainte et oblige les patrons à s’aligner sur l’économie réelle qui valorise les caractéristiques des produits. Voilà en partie notre problème dans la mondialisation.

Nous sommes dans la mondialisation et nous sommes trop boursouflés intellectuellement pour accepter de copier et de transformer en notre faveur ce que font les autres. La France, notre pays, a une chance : elle est une vieille nation qui a su domestiquer après la Grande Bretagne la révolution industrielle dont elle bénéficie pour l’instant des retombées industrielles. La France est forte dans les grands travaux, en partie depuis quelques années seulement dans la finance, mais jusqu’à quand ?

Je serai de ceux qui insistent sur la nécessité du Président de sortir de sa vivacité intellectuelle pour épouser les contours de la réalité pratique et concrète des faits
Lucien Pambou
Dans l’économie dite de la connaissance, il y a des ingénieurs français, des créateurs et des concepteurs français de renom qui partent à l’étranger car l’espace français est considéré par certains de nos compatriotes créateurs comme trop étroit et non créatif. Il faut que nous sortions de la culture du copinage, de l’entre soi, de l’aide « réseautée » assise sur des critères d’amitié et non de créativité pour que la France retrouve son rang.

Vivement 2015 dit le Président Hollande, car il pense que l’on peut combattre le chômage simplement avec un volontarisme politique. Je suis de Droite à l’UMP et j’avais reconnu au moment de son élection la vivacité intellectuelle du Président. Mais j’ai bien peur que cette vivacité intellectuelle soit vaine au contact des réalités économiques auxquelles le Président est confronté. Je ne serai pas de ceux qui disent au Président « le changement c’est maintenant », slogan de sa campagne, mais celui qui insiste sur la nécessité du Président de sortir de sa vivacité intellectuelle pour épouser les contours de la réalité pratique et concrète des faits.

Monsieur le Président, c’est maintenant qu’il faut changer la pratique des choses. Ne comptez- pas sur l’Allemagne pour vous y aider car l’Allemagne a bien compris qu’elle est leader en Europe et qu’elle vous oblige à changer idéologiquement votre répertoire politique. L’Allemagne a réussi à convaincre l’Europe entière de la nécessité d’intégrer le modèle du marché dans la gestion de l’Etat, alors on fait des économies dans la gestion des dépenses publiques, de l’endettement et de la gestion des effectifs. Vous avez dit vouloir obliger l’Allemagne de Madame Merkel à épouser votre modèle de recherche de la croissance. Rien de tel n’est à l’ordre du jour. Comment pouvez-vous dire alors : vivement 2015 ?
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