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Opération Serval : quel agenda ?
Retour sur l'opération décidée par François Hollande
Par Lucien Pambou le 14/01/2013
En première ligne au Mali et dans le cadre de la résolution 2085 du Conseil de sécurité, la France est en train de payer un lourd tribut en intervenant au Mali. La France est en guerre au Mali depuis vendredi 11 janvier. Dans cette opération, le lieutenant Damien Boiteux a perdu la vie. Un hélicoptère français a été abattu.

Il y a des populations civiles qui ont été tuées, on n’en connait pas le nombre. Il y a un flou concernant l’otage français en Somalie (est-il mort ou vivant, on penche plutôt pour la première proposition). Il n’y a peut-être pas forcément un lien avec l’intervention française au Mali, mais celui-ci est vraisemblable. De plus les autres otages français au Sahel ne doivent pas être oubliés, et, de ce point de vue, le Président Hollande en déclenchant l’opération a pris la décision d’assumer les risques les concernant.

Seule, l’armée malienne n’aurait pas réussi à faire reculer les groupes islamistes
Lucien Pambou


Grâce aux Forces françaises stationnées au Tchad, les mirages F1 et 2000 et les hélicoptères Gazelle ont pu décoller pour contraindre les troupes islamistes à reculer. L’Armée malienne peut revendiquer une victoire déléguée, c’est son droit, c’est surtout l’élégance de la France qui permet à ce petit pays sans armée réelle de montrer à la face du monde qu’elle peut résister. Seule, l’armée malienne n’aurait pas réussi à faire reculer les groupes islamistes. L’intervention de la France a accéléré la participation des pays de la région (Afrique de l’Ouest) comme le Burkina Faso, le Niger, le Nigéria et d’autres qui s’apprêtent à mettre leurs troupes à la disposition de l’opération Serval.
La France a montré l’exemple, n’en déplaise aux souverainistes théoriciens de la souveraineté pleine et entière. Les relations entre la France et le Mali sont anciennes et la France vient de montrer à la face du monde qu’on peut à la fois défendre ses intérêts politico-économiques et stratégiques, et, en même temps, faire reculer une barbarie islamiste qui utilise l’Islam comme modus operandi pour des motifs politiques. Cette façon de faire des islamistes entraine la confusion et vise à introduire l’idée insidieuse que l’Islam est une religion barbare qui agit que par la force et qui veut conquérir le monde entier, dont le maillon faible est forcément l’Afrique.

L’opération Serval a été saluée par toute la communauté internationale. Les Etats Unis, la Grande Bretagne sont prêts à aider la France grâce à la mise à disposition d’une logistique matérielle en termes de drones mais aussi de services de renseignements et de forces spéciales sur le terrain. C’est une victoire de François Hollande sur le plan intérieur et international.

L’opération Serval est une victoire de François Hollande sur le plan intérieure et international
Lucien Pambou


Sur le plan intérieur, les partis de Droite et de Gauche, sauf le Front de Gauche, ont reconnu la pertinence de l’intervention de la France. C’est bien de le faire car il faut un consensus sur des sujets importants, même si nous savons que dans notre pays la division est essentiellement idéologique et que l’on ne sait pas reconnaitre à l’autre, surtout celui du camp opposé, une victoire même si celle-ci est éclatante dans les faits. Il en est ainsi du déclenchement de l’opération Serval par François Hollande.
Au plan international, François Hollande vient de gagner ses galons de leader qui compte, surtout dans la résolution des conflits qui entrainent beaucoup de prises de position et d’accords internationaux. En déclenchant l’opération Serval, il oblige la communauté internationale à s’aligner sur sa position et à accélérer le calendrier de l’intervention. Le calendrier est un élément fondamental pour comprendre l’intervention française.

La ville de Kona a été reprise par les troupes maliennes grâce à l’aviation française et aux forces spéciales françaises et allemandes qui renseignent les pilotes. L’opération Serval s’arrête-t-elle à Kona ou va-t-elle s’intensifier jusqu’aux frontières de l’Algérie, c'est-à-dire participer de la reconquête totale du Mali ? Pour l’instant le calendrier est flou, en revanche l’intention politique de François Hollande est claire : il demande que les bombardements aériens continuent.

L'opération Serval s’arrête-t-elle à Kona ou va-t-elle s’intensifier jusqu'aux frontières de l’Algérie, c'est-à-dire participer de la reconquête totale du Mali ?
Lucien Pambou


Je sais que l’Afrique, surtout le Mali, intéresse très peu l’opinion publique française. C’est vrai, il y a d’autres sujets importants comme le mariage pour tous ou comme les accords syndicaux sur le marché du travail. Mais tout de même, la France rêve de puissance nouvelle, malgré la disparition des colonies et son intervention au Mali est un moyen de redorer à minima le blason de la puissance perdue.
En Afrique cette puissance n’est pas morte grâce à la zone franc et à la place que jouent les grandes entreprises françaises comme Bolloré ou Total, malgré la concurrence d’entreprises chinoises Indonésiennes, Malaisiennes, Singapouriennes ou Russes. Il reste au Président François Hollande et à la communauté internationale de réfléchir à un calendrier d’intervention durable pour libérer totalement le Mali.

Il faut que la libération soit totale. Après viendra le moment où les luttes fratricides pour le pouvoir au Mali reprendra ses droits. La fin de l’opération Serval et la libération du Nord du Mali permettront de montrer que les armées africaines doivent être mieux organisées, mieux équipées, les troupes mieux entrainées pour défendre les territoires des pays africains et les populations.
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