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Fidy Ranaivoarivelo, Associate Partner chez Atos Consulting
Grioo.com est allé à la rencontre de Fidy Ranaivoarivelo qui revient son parcours professionnel dans le secteur du conseil où il exerce depuis bientôt une décennie après avoir débuté dans les fusions acquisitions et sur les marchés financiers
Par Paul Yange le 21/09/2010

Fidy Ranaivoarivelo
Bonjour Fidy. Pouvez-vous vous présenter à nos internautes ?

Je suis Fidy Ranaivoarivelo. Je suis Associate Partner au sein du cabinet Atos Consulting qui est le cabinet de conseil en management du groupe Atos Origin (50 000 collaborateurs et 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires dans le monde). En France le chiffre d’affaires d’Atos Consulting est de 60 millions d’euros généré par ses 370 collaborateurs.

Notre spécialité est le conseil en management qui recouvre la stratégie opérationnelle, le conseil en organisation et le conseil IT (Technologies de l’Information).

Vous êtes originaire de Madagascar. Y avez-vous vécu ?

Je suis d’origine malgache, mais je suis né à Marseille de parents franco-malgaches. Ma mère s’était établie à Marseille car une forte communauté malgache y vit, mon père était par ailleurs officier de marine marchande. Je garde des liens assez forts avec Madagascar notamment via la diaspora puisque la plupart de mes cousins sont également établis en France.

Aujourd'hui, les modèles gagnants se doivent d'être multiculturels et s'inspirent naturellement de toutes les régions du monde
Fidy Ranaivoarivelo


J’ai suivi toute ma scolarité en France et je passais mes vacances à Madagascar. Je fais partie de la diaspora, de gens qui ont grandi hors de Madagascar mais qui revenaient au pays pour des raisons familiales.
Vous avez fait des études classiques ...

Oui très linéaires. J’ai obtenu un bac scientifique, puis j’ai effectué une classe préparatoire dans le Sud de la France, à Aix En Provence, à la suite de quoi j’ai intégré l’école supérieure de commerce de Reims, attiré par la proximité des centres de décision et la spécialisation en finance.

Diplômé de Sup de Co Reims, vous entrez sur le marché de l’emploi...

Sup de Co Reims est réputée pour la finance, ce qui m’a permis dans un premier temps de commencer dans les fusions acquisitions et sur les marchés financiers : d’abord les fusions acquisitions pures, avec identification de cibles...puis une évolution naturelle vers l’analyse financière et la gestion de portefeuille. Voulant être plus axé sur l’entreprise, je me suis orienté vers l’organisation et le monde du conseil dans les années 2000.

Avant Atos Consulting, j’ai travaillé chez le leader mondial du conseil, ce qui m’a permis d’acquérir une très bonne méthodologie et un sens du service au client. Ce que j’ai retenu de cette expérience est l’approche anglo-saxonne axée sur le service aux clients et l’efficacité au quotidien.
Lors de votre carrière, quels sont les projets auxquels vous avez participé qui vous ont marqué ?

Les projets marquants que j’ai pu vendre ou sur lesquels je suis intervenu sont de deux natures :

-La fusion de deux banques de dimension nationale où j’avais un rôle auprès de la direction générale et qui consistait à décliner auprès de leurs équipes opérationnelles la stratégie retenue afin de pouvoir construire avec eux l’organisation future.
-Un projet sur les paiements et l’évolution des modèles économiques (convergence entre la téléphonie et les paiements), et notamment l’internationalisation possible grâce à la technologie qui permet de dépasser les frontières.

On trouve ce type de convergence en Afrique, au Kenya ou au Maroc par exemple. On constate qu’il y a des modèles gagnants en Afrique que les pays dits développés regardent avec attention et essayent de copier.

Au cours de ma carrière j'ai du faire face à des préjugés (...) il faut prouver deux fois plus, mais c'est un moteur de motivation
Fidy Ranaivoarivelo


Vous évoquez là des solutions de paiements via des téléphones mobiles...

Ce sont des solutions de bancarisations / gestion de la relation client. Le socle de départ est comme vous l’avez dit les solutions de paiement ce qui permet ensuite de bancariser/fidéliser des personnes et de développer des offres liées notamment au micro-crédit. Le futur relais de croissance de la bancarisation sera initié par le paiement (tenue de compte), socle pour d’autres offres (crédit,…) grâce au terminal mobile.

Durant votre carrière professionnelle, avez-vous connu des difficultés particulières ou des obstacles liés à votre origine ?

Je vais être politiquement incorrect car je vais m’inscrire en faux par rapport à pas mal de mes confrères. Très concrètement au cours de ma carrière j’ai rencontré du racisme ou des préjugés liés à ma couleur de peau et/ou mon origine que ce soit dans la banque ou dans le conseil.

Les Anglo-saxons plus pragmatiques ?
Même aujourd’hui ça arrive encore. Je le prends avec philosophie (fatalisme ?), avec une approche assez malgache. Il faut prouver deux fois plus mais c’est un moteur de motivation. Les modèles gagnants se doivent d’être multiculturels, et s’inspirent naturellement de toutes les régions du monde.

Vous avez travaillé dans des pays anglo-saxons. Avez-vous senti une différence dans la façon dont vous étiez traité, en comparaison avec la France ?

Clairement, dans les pays anglo-saxons, quand on fait du business avec eux, ils respectent votre culture, font très attention, n’expriment pas de préjugés du moment que vous apportez une valeur ajoutée, et votre compétence est reconnue comme telle. C’est le ressenti que j’ai eu avec des Anglais, des Américains, des Hollandais ou encore des Allemands. Ce pragmatisme m’a frappé même chez des latins comme les Espagnols...

En France, de mon point de vue, le racisme est présent dans les affaires. On a encore tendance à confondre culture et capacité à faire des affaires.

Comment observez-vous l’émergence des problématiques liées à la diversité dans le monde de l’entreprise ?

Je m’inscris en parfaite harmonie avec les problématiques liées à la diversité car le fait qu’elles émergent signifie qu’on reconnait qu'avant il y avait un problème qu’on n’osait pas exprimer. Concrètement la plupart des grandes entreprises, surtout internationales, commencent à s’attaquer au problème en créant par exemple des directions de la diversité.

A titre personnel je me sens plutôt proche d’associations comme le club du XXIème siècle qui visent à la diversité au sens large. Cependant, je préciserai que je suis favorable aux quotas. Car à mon sens, ne pas mettre de quotas signifie qu’on ne reconnait pas qu’il y a problème. C’est pourquoi, je suis chaud partisan de cette option.

Madagascar
Vous avez une dizaine d’années d’expérience. Envisagez-vous à moyen terme, dans quelques années, d’être plus en relation avec Madagascar au niveau professionnel ?

Comme tout Malgache je répondrais oui. Après il s’agira de franchir le pas. Mais j’envisage d’ici dix ans une aventure entrepreneuriale à Madagascar où j’ai la chance de pouvoir bénéficier d’un réseau local et familial. Lorsque mon idée de création d’entreprise fondée sur du capital humain sera suffisamment mûre, j’aurais déjà quelques appuis forts pour pouvoir lancer quelque chose.

Quels conseils donneriez-vous à des plus jeunes qui débutent dans le monde de l’entreprise et du conseil en particulier?

Je leur dirais de croire en eux, en leur culture. Dans les métiers du conseil, avoir des racines africaines permet d’être accepté par les plus réticents de nos clients où la capacité à relativiser est fort appréciée. C’est un des métiers où on peut s’accomplir en portant l’étiquette du consultant car elle est tellement forte qu’elle peut permettre de gommer les préjugés liés à l’origine.

Vous faites passer des entretiens lors des oraux de concours d’entrée à l’ESC Reims. Pourquoi ?

C’est la fraîcheur et le naturel des candidats qui m’intéressent et je les compare aux candidats que je reçois lorsque je fais passer des entretiens de recrutement pour Atos Consulting.

Ce qui me permet d’arriver à bien discerner la valeur ajoutée apportée par les écoles aux étudiants en regard de leur personnalité. Ainsi il est très instructif (et aussi amusant) de voir comment les étudiants se transforment entre le moment où ils entrent à l’école et le moment où ils en sortent diplômés.
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