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Hypnoz : j'espère marquer l'industrie du rap français
Après de multiples projets underground sur la scène hip-hop hexagonale et aussi africaine, Hypnoz nous livre son premier album contenant14 titres, sorti sur son label Millimètre Près et disponible partout en France
Par Paul Yange le 15/06/2009
Vous venez de sortir votre premier album intitulé "compte avec moi", pouvez-vous nous expliquer comment est né ce projet?

Ce projet est né d'une idée commune avec mes partenaires, Freddie et Manga, sur notre nouveau label, "Millimètre près", dans lequel j'avais enregistré des chansons quelques mois auparavant. C'était des chansons que j'avais diffusées sur le net. Avec mes partenaires, on a décidé de s'auto-produire. On s'est lancé dans l'aventure une fois que le label a été mis sur pied en se disant que nous le gèrerions entièrement nous mêmes.

Vous avez commencé en Afrique puis vous avez continué en Europe. Comment se sont passés vos débuts, et comment expliquer votre évolution de l'Afrique à l'Europe?

J'ai commencé à quinze ans, juste pour le plaisir. Au Benin, je faisais partie d'un collectif qui s'appelait "Bataklan Crew" avec lequel nous avons fait pas mal de concerts. On s'est fait connaître, puis le collectif s'est dissous. En 97/98, j'ai formé le groupe "Ghetto Quizz" qui comptait mon frère et un ami à nous. On a enregistré des projets, sorti des morceaux comme "incarcérés", "premiers cris", des clips qui ont tourné au Bénin. On a un peu marqué notre époque à Cotonou à travers nos projets.

Par la suite, j'avais voulu donner un autre ton à ma musique. Sachant que le Bénin ne me permettait pas de m'épanouir pleinement, je suis parti au Ghana puis en Europe.

Votre style se rapprocherait-il de quel rappeur connu?

Au niveau du rap français, je ne suis pas encore arrivé à m'identifier à un rappeur. Mes influences se situent aux Etats-Unis surtout en termes d'écritures, les lyrics puis au niveau des flows. Je m'inspire de Talib Kweli, Common, Lupe Fiasco, Mos Def. Ce sont quelques uns dont j'apprécie le style.
Quel sont les thèmes que développez-vous dans vos chansons?

On a le titre "cimarron" qui est un mot hispanique qui désigne les esclaves durant la traîte négrière qui fuyaient les plantations. J'ai transposé ce thème en notre époque en considérant que les cimarron ce sont ceux qui disent non aux injustices sociales. Ce sont les militants qui prennent la peine d'agir quand il y a quelque chose à dire.

Il y'a aussi le morceau "génération qui en veut" dans lequel j'essaye de motiver la jeunesse. J'essaye d'inciter les jeunes à se bouger pour elle même. C'est nous qui changerons le monde, il ne faut pas attendre que la génération suivante change les choses.

En ce qui concerne les politiques, je les interpelle sur plusieurs points concernant ce qu'ils savent de la réalité de vie des populations au niveau de vie moyen ou pauvres ou de certains quartiers qu'ils ne connaissent que via des chiffres, des analyses ou des documents. Pour moi ce n'est pas suffisant, il faut avoir connu des réalités de près, se rapprocher des gens.

Et pourquoi avoir intitulé l'album "compte avec moi" ?

"Compte avec moi", c'est comme une carte d'invitation, une façon de me présenter. C'est pour faire savoir dans le milieu, qu' Hypnoz est là. En réalité, Hypnoz n'est pas un novice, je vais sur ma trentaine. On n'avait pas les moyens de faire ce qu'on voulait à un moment donné. Mais maintenant je suis de retour et J'entends marquer l'industrie du rap français. J'entends faire de la bonne musique, partager ma conception de la musique.
Comment vis-t-on l'adaptation du rap africain au rap français?

Il y'a un vrai écart en la culture rap africaine et la culture rap française. Les Africains s'inspirent du rap français à travers la passerelle que constitue la langue française. Les pays africains écoutent le rap français, savent ce qui se passe.

Ce qui a primé chez moi est mon amour pour les lyrics, la manipulation des mots et de la langue. J'aime décortiquer les mots. Je me suis senti à l'aise dans le contexte du rap français. En ce qui concerne mon flow, je l'ai travaillé au fil des années. Je ne veux pas dupliquer ce qui se fait déjà, je suis un artiste qui utilise le français simplement.

Quels sont les thèmes de société qui vous intéressent ?

Je m'intéresse aux problèmes touchant les différentes communautés d'origine subasaharienne ou du tiers monde qui vivent en France. J'évoque le contexte dans lequel je vis en France. J'évoque aussi la colonisation, le postcolonialisme, la situation de dépendance chronique qui a été créée en Afrique. Ce ne sont pas des thèmes que j'ai tous évoqués dans mon album, mais je les garde en réserve pour d'autres albums. Je garderai toujours un côté militant.
Comment vos proches vivent-ils votre incursion et votre carrière dans le rap ?

Ils le prennent avec plaisir. Ils savent que je pratique le rap depuis un certain temps mais ils ne s'attendaient pas à ce que je poursuive sur cette voie. En Europe, j'ai été pris par ma gestion de ma vie au quotidien, ce qui s'est fait au détriment de la musique. J'ai surmonté ces difficultés pour être productif. Ma famille est contente de voir que j'arrive à réaliser mes dessins et à m'épanouir sur le plan musical.

Qu'avez vous à dire aux Internautes qui liront ces lignes?

Rapprochez vous de l'album, des bacs, envoyez-nous vos impressions et suivez l'actu d'Hypnoz !


www.myspace.com/millimetrepres
www.myspace.com/hypnoz1
Vidéo Hypnoz : ''Compte avec moi''
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