Accueil > Coup de coeur
Serge Bilé lance son site "Paroles d'Esclavage"
Il donne la parole aux petites-enfants et arrière petits-enfants d'esclaves
Par Afrikara le 10/05/2007
Une excellente initiative qui s’intègre dans la nécessité du travail de mémoire et de reconstruction identitaire des Nègres de la planète que les opacités et obstructions historiennes tendent à enfermer dans une non existence historique ou un passé indicible.

En donnant directement la parole aux petits-enfants et arrière-petits-enfants de ceux qui ont vécu l’histoire concrète de l’esclavage, le journaliste et écrivain, dans un site internet fort utile, et dédié, www.parolesdesclavage.com redonne une proximité, une humanité, à tous ceux qui sont passé directement par la barbarie négrière, et contribue à rapprocher les générations contemporaines d’un passé colonial bien mal dépassé.

Serge Bilé présente son initiative :

« J’ai créé ce site pour donner la parole aux «anciens» afin qu’ils disent l’esclavage tel que leurs grands parents et arrière-grands-parents l’ont directement vécu et eux-mêmes raconté à leurs enfants et petits-enfants d’alors, devenus aujourd’hui septuagénaires, octogénaires, nonagénaires et centenaires. Avec Daniel Sainte-Rose et sa caméra, nous avons sillonné la Martinique et recueilli ces témoignages uniques pour qu’ils servent à l’Histoire».

Des profils riches et témoignages martiniquais variés
Léopold Zami est né en 1913. Il a connu son arrière grand-mère qui fut esclave et se souvient de ce qu’elle lui raconta de la traversée à bord du bateau négrier, et sur la vie sur l’habitation. Yvonne Gaspard née en 1916, témoigne de ce que qu’elle tient de sa grand-mère qui a grandi sur une habitation auprès de son père et de sa mère, esclaves.

Quant à Gaston Jean-Michel, né en 1911, il parle de sa grand-mère et de son grand oncle nés sous le joug de l’esclavage, et relate la défiance de ce dernier à l’égard du maître qui était également son père. Ultima Boulanger se souvient que ses parents lui parlaient de l’esclavage qu’avait connu son arrière grand-père, pour en évoquer la dureté et l’inciter à être plus obéissante. Elle est née en 1906.

Christian de Reynal, Béké descendant d’une famille esclavagiste et traumatisé par cet héritage, est devenu prêtre pour rapprocher des hommes, il est né en 1924.
Jenny Poyonne, bientôt centenaire, tient de sa grand-mère une anecdote sur la liesse qui régnait le jour de la libération en 1848, la scène débute sur l’habitation Val d’or encerclée par les esclaves libres. Alice Mario, née en 1923, fait revivre par son témoignage les scènes d’explosion de joies et de colères qui accueillirent cette libération. Elle raconte que des esclaves se vengèrent de leurs maîtres en les castrant.

Elisa Renard pour sa part âgée de 103 ans en 2007 restitue la première élection où les anciens esclaves ont voté après la libération de 1848, ainsi que le lui ont conté son père et sa grand-mère, fille d’un maître et d’une esclave.

Paul Hannibal, septuagénaire a lui, retrouvé l’acte d’affranchissement de son arrière grand-père, fils d’un maître et d’une esclave, ainsi que le titre de propriété d’un îlet que ce dernier avait réussi à acheter.
Martine Edouard née en 1918 est descendante d’un grand-père mulâtre condescendant, elle partage la mémoire de son arrière-grand-mère qui possédait des esclaves et n’hésitait pas à les fouetter.

Floresta Nasso, née en 1917 parle de sa grand-mère qui fut esclave et hérita de la propriété de son maître lorsqu’il rentra en France. Elle évoque également une pratique de sorcellerie sur l’habitation.
Donnez votre opinion ou lisez les 8 réaction(s) déjà écrites
Retour à la rubrique Coup de coeur
Version complète sur Grioo.com

WebAnalytics